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Pan, la figure mythologique

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Particulièrement vénéré en Arcadie, ce dieu, dont le nom signifie "tout", protégeait primitivement les troupeaux, les chevriers et les bergers. Difforme, monstrueux, avec sa tête et ses pieds de bouc, son torse velu d'homme, il fut la risée de tous les dieux de l'Olympe, lorsque son père Hermès le leur présenta.

Dieu de la Fécondité et de la puissance sexuelle, à la fois brutal dans ses désirs et terrifiant dans ses apparitions (on parle d'une peur "panique"), Pan devait très vite être vénéré au cours de la période classique dans toute la Grèce.

Il acquit des attributs nouveaux et fut associé à de nombreuses légendes. Médecin, guerisseur, prophète, inventeur de la syrinx, la flûte pastorale, exprimant à lui seul, tant par son aspect un peu bestial que par ses amours jamais rassasiées, la force invaincue et prolixe de la nature entière, Pan fut associé, sous l'influence de la philosophie néoplatonicienne, à l'idée de fertilité. Cette conception d'un dieu total devait inspirer l'histoire si étrange que Plutarque conte.

Sous le règne de Tibère, un vaisseau s'immobilisa tout à coup sur les eaux de la mère Egée, et une voix s'éleva pour demander au navigateur lorsqu'il parviendrait près des cotes " Le grand Pan est mort." Le pilote, après bien des hésitations se décida à annoncer la mort de Pan, et aussitôt s'élevèrent de toutes parts des gémissements et des plaintes douloureuses comme si la terre entière prenait le deuil.

Selon les auteurs chrétiens, la mort de Pan était celle du paganisme, que remplaçait le christianisme.

Divinités marines

Dieu de la mer sous le règne de Zeus,Poseidon  ne doit pas nous faire oublier les nombreuses divinités et créatures marines qui peuplent la mythologie grecque.

Parmi les divinités des plus anciennes de la Mythologie grecque

Poséidon

Poséidon sur son char, mosaïque conservée au musée de Sousse en Tunisie

Les peuples qui ont inventé ce que nous nommons la mythologie grecque sont les peuples de la Méditerranée et de la Mer Noire. Qu'ils eussent été des peuples marins ou non, ils furent tous baignés des mêmes eaux et les premières divinités qu'ils adorèrent furent des divinités marines.

Hésiode, qui était un travailleur de la terre, nous a donné, dans sa Théogonie, une version "geo-centriste" de la création du monde et des dieux, et, du fait de sa portée philosophique et aussi de sa beauté poétique, c'est la Théogonie d'Hésiode que l'on retient généralement comme référence de la généalogie des dieux. Mais Homère affirme, par la bouche d'Héra elle-même, dans le Chant 14 de l'Iliade, qu'Océanos est l'origine des Dieux. Selon Hésiode, le couple constitué d'Océanos et de Téthys sont les premiers enfants de Gaïa la terre-mère et d'Ouranos le ciel. Mais son nom ne doit pas nous induire en erreur : Océanos n'est pas un dieu marin, il est le fleuve d'eau douce qui entoure la terre. Océanos et Téthys eurent comme enfants les 3000 dieux-fleuves et 3000 nymphes des eaux, les Océanides.

Le premier dieu marin est Pontos, un fils de Gaïa. On sait fort peu de choses sur Pontos. Il fut, avec Ouranos le ciel et Ouréa les hautes montagnes, l'un des trois premiers enfants de Gaïa, qu'elle conçut seule, sans l'intervention d'aucune entité masculine. Après le castration d'Ouranos, Gaïa s'unit à Pontos, et elle enfanta Nérée, que l'on nomme le "Vieillard de la mer", aini que Thaumas et Phorcys, divinités masculines, et Cétô et Eurybié, divinités féminines. Eurybié s'unit au Titan Cryos, et certains font d'Eurybié une Titanide.

Bien qu'enfants de Pontos, Thaumas, Phorcys, Eurybié et Cétô ne sont pas réellement des divinités marines. On retrouve notamment Cétô et Phorcys parmi les générations monstueuses conçues par Gaïa

Nérée, le "Vieillard de la Mer", fils de Gaïa et de Pontos, et les Néréides

Véridique et bienveillant, respectueux des coutumes, selon Hésiode, Nérée avait le don de l'oracle et celui de pouvoir se transformer en toutes sortes d'être (ce qui lui était très utile pour échapper à ceux qui voulaient le forcer à livrer ses oracles !). Il eut de l'Océanide Doris 50 filles, les Néréides. Comme les Océanides, elles étaient belles et gracieuses et, comme leur père, elles avaient le don de se métamorphoser. Voici, selon Hésiode (Théogonie) le catalogue des Néréides :

"Proto, Eucrate, Sao, Amphitrite, Eudore, Thétis, Galèné, Glaucé, Cymothoë, Spéio, Thoë, l'agréable Thalie, la gracieuse Mélite, Eulimène, Agavé, Pasythée, Érato, Eunice aux bras de rose, Dolo, Ploto, Phéruse, Dynamène, Nésée, Actée, Protomèdie, Doris, Panope, la belle Galatée, l'aimable Hippothoë, Hipponoë aux bras de rose, Cymodocé qui sur la sombre mer, avec Cymatolège et Amphitrite aux pieds charmants, calme sans efforts la fureur des vagues et le souffle des vents impétueux, Cymo, Eïoné, Halimède à la belle couronne, Glauconome au doux sourire, Pontoporie, Liagore, Évagore, Laomédie, Polynome, Autonoë, Lysianasse, Évarnè douée d'un aimable caractère et d'une beauté accomplie, Psamathe au corps gracieux, la divine Ménippe, Néso, Eupompe, Thémisto, Pronoë et Némertès en qui respire l'âme de son père immortel. Ainsi l'irréprochable Nérée eut cinquante filles savantes dans tous les travaux."

Lorsqu'il partit chercher les pommes d'or du jardin des Hespérides, Héraclès alla jusqu'au fleuve Eridan (que l'on nomme aujourd'hui le Pô, en Italie) et interrogea les nymphes de ce fleuve, filles de la Titanide Thémis et de Zeus. Elles lui révélèrent que seul Nérée saurait le renseigner et le conduisirent en sa présence alors qu'il était endormi. Le héros agrippa solidement Nérée et, malgré toutes sortes de métamorphoses, Nérée apprit à Héraclès comment prendre les pommes d'or.

Comme leur père, les Néréides sont des divinités bienveillantes.

Selon Hésiode, trois Néréides se sont distinguées : Thétis, la plus belle des Néréides et mère d'Achille, Amphitrite, qui devint l'épouse de Poséidon, et Psamathé qui épousa Éaque

La plus belle des Néréides est Thétis. Elle fut courtisée par Zeus et par Poséidon, jusqu'au jour où la titanide Thémis rendit son oracle : le fils de la Néréide serait plus puissant que son père. Les dieux, alors, décidèrent que Thétis deviendrait l'épouse d'un mortel. Après s'être refusée et transformée maintes fois, elle épousa le roi Pélée, ce qui donna lieu à un banquet devenu célèbre, et devint mère du héros de l'Iliade, Achille. A la mort de son fils, elle retourna auprès de ses soeurs dans le palais sous-marin de son père.

Après s'être retiré de la course à la main de Thétis, Poséidon choisit comme épouse Amphitrite,

Éaque, le roi de l'île d'Egine, était fils de Zeus et d'Égine, la fille du fleuve Asopos. Celui-ci, qui était brillant aux exercices physiques comme aux joutes de l'esprit, excita la jalousie de ses deux demi-frères, Télamon et Pélée, fils d'Éaque et de sa première épouse, la nymphe Endéis. Ils mirent à mort et l'enterrèrent. Ils furent bannis d'Égine par leur père. Après sa mort, Éaque, considéré comme le plus pieux de tous les Grecs, devint juge des enfers avec Minos et Rhadamante, et Psamathé retourna auprès de ses soeurs.

Les Néréides semblaient si bien s'entendre qu'elles apparaissent presque toujours ensemble dans les légendes et, si elles épousent des mortels, elles s'empressent de retourner auprès de leurs soeurs dès qu'elles sont veuves. Si bien que, lorsqu'Amphitrite épousa un immortel, il semble bien que les 49 autres soeurs aient déménagé dans le palais sous-marin de Poséidon. La mort d'Achille les a toutes mises au désespoir, de même que celle de son compagnon Patrocle. Elle aparaissent également dans la légende Thésée et d'Ariane, pour rendre à Thésée un anneau d'or et lui donner une couronne.

La Légende de Glaucos

On connaît, dans la mythologie, plusieurs Glaucos, mais un seul est une divinité marine.

Glaucos est né mortel, fils d'Anthédon et d'Halcyoné, ou, selon d'autres, de Poséidon et d'une Naïade. Un jour qu'il pêchait, il remarqua qu'un poisson mort déposé sur une certaine herbe avait ressucité. C'était une herbe qu'avait semée Cronos au temps de l'Âge d'Or. Glaucos mangea alors de cette herbe et devint immortel. Il se jeta dans la mer. Là, les déesses marines le purifièrent de tout ce qu'il avait encore de mortel. Il se transforma : son torse se développa tandis que le bas de son corps se transformait en queue de poisson Sa barbe poussa et prit une belle teinte vert bronze. Il devint une divinité marine. Sa demeure se trouve au large des côtes de l'île de Délos. Il visite régulièrement tous les ports et toutes les îles de la Grèce. Il a aussi le don de prophétie et a enseigné à Apollon lui-même.

Il apparut au roi Ménélas lorsque celui-ci rentra de Troie. Le roi essuyait une tempête au large du cap Malée et fut entraîné jusqu'en Crète où plusieurs de ses vaisseaux s'échouèrent.

Il courtisa Scylla et Ariane, mais sans succès. Scylla était une belle nymphe qui fut transformée en monstre, et Ariane fut finalement séduite par Dyonisos.

Protée

" C'est ici qu'habite le véridique Vieillard de la mer, l'immortel Protée egyptien qui connaît les profondeurs de toute la mer et qui est esclave de Poséidon... Si tu peux le saisir par ruse, il te dira ta route et comment tu retourneras à travers la mer poissonneuse... Quand le soleil atteint le milieu du ciel, alors le véridique Vieillard marin sort de la mer, sous le souffle de Zéphyr, et couvert d'une brume épaisse. Étant sorti, il s'endort sous les grottes creuses. Autour de lui, les phoques sans pieds de la belle Halosydné, sortant aussi de la blanche mer, s'endorment, innombrables, exhalant l'âcre odeur de la mer profonde..."

Ainsi la déesse Eidothée, fille de Protée, s'adresse à Ménélas, échoué avec ses compagnons après le sac de Troie sur l'île de Pharos, affamé et désespéré. Doué des dons de prophétie et de métamorphose, Protée ressemble beaucoup à Nérée avec lequel il partage le surnom de "Vieillard de la Mer".

Comme pour Glaucos, plusieurs rois ou héros portent le nom de Protée, mais tous sont originaires d'Egypte.

Triton

Triton est le dieu marin du lac salé Tritonis en Lybie qui a élevé la déesse Athéna, voire qui en a été le père. D'après Hésiode, il serait un enfant de Poséidon et d'Amphitrite, voire leur unique enfant. Il habiterait un palais d'or sous-marin, dans le voisinnage de celui de Poséidon. On a également donné le nom de Triton à toute la suite masculine d'Amphitrite, un ensemble de divinités mi-humaines, mi-poissons.

Ophion et Eurynomé

Les noms d'Ophion (qui signifie "serpent" ou "dragon") et Eurynomé, en tant que maîtres du cosmos, sont apparus dans les textes au cour du IIIe siècle avant JC.

Apollonios de Rhodes, au IIIe siècle avant JC, écrit, dans ses Argonautiques, le long texte qu'il consacra aux voyages de Jason et de ses compagnons de route sur le navire Argo :

"Il [Orphée] chantait encore comment Ophion et Eurynomé, fille de l'Océan, régnèrent sur l'Olympe, jusqu'à ce qu'ils en furent chassés et précipités dans les flots de l'Océan par Saturne et Rhéa, qui donnèrent des lois aux heureux Titans. Jupiter était alors enfant ; ses pensées étaient celles d'un enfant. Il habitait dans un antre du mont Dicté, et les Cyclopes n'avaient point encore armé ses mains de la foudre, instrument de la gloire du souverain des dieux."

Ophion, dont le nom signifie à la fois "serpent" et "dragon", reste très mystérieux, bien que sa place dans la cosmogonie ait été primordiale. On n'en retrouve mention que dans très peu de textes:

- le poète du IIIe siècle avant JC (comme Apollonios de Rhodes), Callimaque, parle du "Soleil (Hélios) qui brille sur les descendants d'Ophion",

- le poète et dramaturge Lycophron (également du IIIe siècle), dans son poème Alexandra (autre nom de Cassandre, la devineresse qui prédit la fin de Troie), évoque "Zeus assis sur le trône d'Ophion" et la mère de Zeus, Rhéa, "habile à la lutte, a rejeté dans le Tartare l'ancienne reine, Eurynomé".

Beaucoup plus tard, aux VIe-Ve siècle après JC, l'auteur byzantin Nonnus, dans la Dyonisiaque, évoque encore le couple formé par Eurynomé et Ophion, qualifiant celui-ci de "seigneur suprême".

Pour Hésiode, Eurynomé serait une Océanide, et fut un temps l'épouse de Zeus qui lui donna les 3 Grâces, mais cela semble contredire cette légende.

Face à l'énigme de cette légende apparue brusquement dans les textes, certains mythographes ont voulu rapprocher Ophion et Eurynomé des mystères orphiques. Mais, nous quittons la mythologie pour rejoindre l'ésotérisme religieux.

Les Parques ou Moires

Clotho, Lachésis et Athropos, les trois Parques ou Moires

Les trois Parques ou Moires

Les Parques ou, en grec, les Moires, sont les trois terribles déesses qui filent et coupent le fragile fil de la vie des hommes. Leur nom, en grac, signifie "part", la portion allouée à chaque mortel, son destin.

"... les Parques impitoyables, Clotho, Lachésis et Atropos qui dispensent le bien et le mal aux mortels naissants, poursuivent les crimes des hommes et des dieux et ne déposent leur terrible colère qu'après avoir exercé sur le coupable une cruelle vengeance." Hésiode, Théogonie

Selon Hésiode, elles sont filles de la Nuit, ou bien de  Zeus et de Thémis, la titanide dont le nom signifie "Justice", toujours selon Hésiode. Mais d'autres leur donnent encore d'autres origines, comme le Chaos ou Pontos.

Elles sont au nombre de trois, trois soeurs qui se nomment Clotho ("Fileuse"), Lachésis ("celle qui répartit") et Athropos ("Implacable"). Ensemble, elles président à la destinée des hommes : Clotho file le fil de leur vie, Lachésis distribue les âmes et Athropos, qui coupe le fil, est la plus terrible. Selon Hésiode, elles poursuivent les criminels de leur colère mais, selon d'autres, ce rôle serait celui des   Erinyes.

Comme maîtresses du destin et de la mort, ces trois divinités sont particulièrement craintes, et ont les représente sous des traits inquiétants, bien que par toujours aussi vieilles que le prétend Hésiode.

Selon certains, les Parques sont sous les ordres de Zeus. Selon d'autres, non.

Bref, difficile de se faire des certitudes à partir de tant d'opinions contradictoires ! Ce qui ressort en tout cas, c'est qu'elle sont craintes comme liées à la mort et à l'inenuctabilité du destin.

Rares sont les textes qui nous parlent des Parques ou Moires. Parmi eux, le plus important est sans doute cet hymne orphique (*):

"Parques infinies, filles de la nuit obscure , je vous implore, ô vous qui sur les bords du marais céleste, aux lieux où une eau sombre coule éternellement d'une fontaine infernale sous un épais brouillard, présidez aux âmes des morts qui sont réfugiées dans les profondeurs de la terre, vous venez aux demeures tumultueuses des hommes, accompagnées de l'Espoir et les yeux couverts de voiles de porphyre ; ainsi traînées par vos rapides coursiers, vous arrivez dans le champ fatal, aux limites de la Justice, de l'Espoir et des Inquiétudes, car la Parque est la maîtresse de la vie. Aucune autre des divinités qui habitent les sanctuaires du ciel n'accompagne aussi fidèlement Jupiter. La Parque sait tout ce que l'avenir nous réserve, tout ce qui est connu à la pensée habile de l'éternel Jupiter. O vierges de la nuit, soyez-nous favorables, soyez-nous bienveillantes ; Atropos, Lachesis, Clothos, déesses invisibles, redoutables, toujours inquiètes, car tout ce que vous donnez aux mortels c'est vous-mêmes qui le leur enlevez ; ô Parques, écoutez les prières des prêtres, écartez de l'âme d'Orphée tous les chagrins terribles."

(*) : les hymnes orphiques sont une collection de 87 petits poèmes, dont on ne connaît pas la date de composition, et liés au culte d'Orphée.




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